Le 26 août dernier, le Collectif Bonneau-Knight intervenait à bord de l’autobus transportant les participant·e·s au colloque « Un art public éthique : perspectives canadiennes », de Montréal vers le 3e impérial à Granby où allait se dérouler la troisième journée du colloque. Ayant pour titre covariances, le projet du Collectif Bonneau-Knight comportait plusieurs actions in situ dont témoigne le reportage photo qui est maintenant accessible en ligne.
Collectif Bonneau-Knight avait été invité par le 3e impérial, centre d’essai en art actuel à développer ce projet, en résonance avec le thème du colloque et dans le contexte d’une résidence de création. Cette résidence s’inscrit dans le cycle d’exploration Trancher dans le vif du Temps : Infuser / Diffuser et est associée à la résidence d’auteure et chercheure de Noémie Fortin.
Voici un aperçu du projet covariances réalisé par Collectif Bonneau-Knight :
Le travail du Collectif Bonneau-Knight étant basé sur la marche, les artistes prévoyaient parcourir à pied le trajet emprunté par l’autobus, quelque temps avant la tenue du colloque, et explorer les deux collines montérégiennes situées aux extrémités du trajet, le mont Royal et le mont Yamaska. Mais l’impossibilité d’accéder au mont Yamaska et le danger pour des piétons de circuler le long d’une route à circulation rapide ont contraint les artistes à modifier leur plan. Elles ont alors opté pour l’exploration de trajets alternatifs dans l’axe qui longe l’autoroute 10, entre Montréal et Granby dans le but de réaliser une marche imaginée. Ainsi, Dans l’isolement et la passivité de l’autobus, dessiner une marche imaginée, par une cartographie sensible et imprécise et partager cette expérience avec les passagers (source : Collectif Bonneau-Knight).
Le 26 août 2022, les deux artistes sont montées à bord de l’autobus en partance de Montréal qui amenait les colloquien·ne·s vers Granby. Tout au long du trajet, alternant des moments d’activation/inaction et de silence, elles ont déployé divers objets visant à orienter l’attention des passager·ère·s vers des marqueurs naturels du paysage, tels que les rivières Richelieu et Yamaska et les collines montérégiennes, les inselbergs et les monadnocks. Des fragments de cartographie ont ainsi circulé entre les passager·ère·s. En parallèle, une trame sonore combinait l’énonciation de toponymes en français, en anglais ainsi que dans les langues des Premières Nations du territoire traversé, aln8ba8dawaw8gan (abénaquis) et kanien’kéha (mohawk) avec des enregistrements de sons ambiants effectués in situ lors de leurs explorations sur le terrain.
Une dizaine de kilomètres avant l’arrivée du convoi à destination, les artistes ont quitté l’autobus pour terminer le trajet en marchant, laissant jouer la trame sonore à bord de l’autobus. Elles étaient alors munies d’un appareil de dessin sismographique qui, activé par le rythme de leur marche, enregistrait la cadence de leur déplacement. Car pour […] se rapprocher du territoire, pour mieux le lire […] c’est par le corps qu’il est possible [d’en] prendre toute [la] mesure (source : Collectif Bonneau-Knight).
Au moment où l’autobus atteignait sa destination et où les colloquien·ne·s étaient accueillis dans l’espace du 3e impérial, une captation vidéo transmettait en direct des éléments sonores et visuels de la marche poursuivie par les artistes pour rejoindre le colloque.
Remerciements :
Sigwanis Lachapelle, Jean-Nicolas Plourde du Bureau du Ndakina du Grand Conseil de la Nation Waban-Aki (GNCWA), Antoine Houle, Dominic Leonard, Dominique Lambert, Alberto Moccagatta.
Collectif Bonneau-Knight est composé d’Isabelle Bonneau et Emily Knight qui se consacrent, depuis 2016, à une démarche commune d’artistes-marcheuses en communion avec la géographie et le paysage de la ruralité québécoise. Leur recherche se fonde sur le développement d’un lien affectif avec ce territoire qui nous constitue. Leur pratique sonde et décrit l’interaction du corps-temps-lieu, articulée par le dessin dans sa forme la plus fondamentale, la ligne, à travers divers médias. S’inspirant des pratiques cartographiques et questionnant la fragmentation territoriale appliquée à un milieu vivant – ce cadre d’abstractions qui impose une compréhension occidentale du territoire – Bonneau-Knight cherche à les détourner et à les réinterpréter, privilégiant des méthodes imprécises appuyées sur la lenteur, la répétition et la sérialité. Leur pratique repose sur un contact à pied, une expérience intime du lieu. Au cœur de leur démarche se trouve un processus collaboratif absolu; le travail qui en résulte est tributaire de cet espace partagé. A walked line can never be erased (Hamish Fulton).
Collectif Bonneau-Knight a reçu des bourses du Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts et des lettres du Québec. Lauréat du Prix des Arts Visuels 2019 de Culture Centre-du-Québec, son travail a été diffusé à la BNSC de Trois-Rivières, au programme Banc d’essai de la SAT et récemment dans Racontages, commissarié par Jeanne Couture et présenté au Centre d’art Jacques-et-Michel-Auger de Victoriaville. Le collectif est membre du Arts Territory Exchange (aTE), un réseau international d’artistes et de pratiques artistiques qui répondent à la géographie de leur territoire de production. Bonneau-Knight est à développer un Atlas de paysages d’une toute petite parcelle de territoire de 70 acres arpentés dans le contexte d’une résidence en micro-édition au Centre Sagamie.
bonneau-knight.com
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